Avant que le vent ne défeuille la vallée
je remonte tous les jours dans mon arbre
car l'odyssée tire à sa fin
à bord de mon vaisseau rouge
du haut de mon vieux pin
j'ai repéré la Croix du Sud
elle s'est gravée dans mes yeux
pour mieux régner en souveraine
dans la baie de Guanabara
guanabara guanabara
un bras de mer m'enlace
goûtant le sel rouge de Rio
mêlé à la sueur sur ma peau.
Hors d'haleine
j'atteins enfin la Terre de Feu
tierra del fuego
au bout des Amériques
aucun volcan mais un peuple nu
debout près d'un feu dans un canot
dérivant au fil des lacs multiples
aux confins du monde
du haut de mon arbre
le feuillage halluciné de l'automne
brandit sous mes yeux ses oriflammes
et dans mes mains résonnent, immenses
des feux d'artifice
des coups de trompettes
et des éclats de cymbales.
Serge Patrice Thibodeau. « Avant que le vent... », Du haut de mon arbre, Montréal, La courte échelle, 2002.